Je ne voulais plus me situer dans le constat, ni me rassurer
par la citation, l’appropriation ou le détournement.
Je souhaitais travailler autrement, me surprendre, me mettre
en situation d’inventer, m’autoriser à
aller de l’avant sans déductions.
La peinture, dégagée de la représentation
du monde et de toute autorité symbolique offre une
méthode d’exploration tout à fait adéquate.
Pratiquée sans à priori ni attente de résultat,
elle est un terrain de jeu où par rebonds la pensée
évolue de manière imprévue. La surface
enregistre et renvoie toutes les traces qui y sont laissées,
sans en perdre aucune. Face à ce qui échappe,
je dois à chaque fois prendre position pour engager
le geste suivant. Nous, la peinture et moi, nous construisons
étape par étape dans la double articulation
de ce qui la constitue et de sa capacité à faire
signe.
Les peintures
présentées dans cette exposition, ont été
travaillées simultanément, au sol. Elles se
sont définies les unes par rapport aux autres. L’une
ouvre une piste qui se développe dans une autre, qui
prive la suivante de la nécessité de la continuer.

Voir les peintures
La découpe
de moquette présentée sous la verrière
est une des conséquences des méthodes découvertes
par la peinture. Cette surface de quinze mètres de
long par deux de large, a d’abord été
suspendue dans la galerie puis entaillée sur place
sans dessin préalable. Rien n’a été
retranché, la fente produit deux formes qui se séparent
de part et d’autre de la paire de ciseaux, l’une
au sol, l’autre dans l’espace. Les plis créent
autant de plans qui petit à petit dessinent l’espace
et nous invitent à pénétrer les écarts
pour y multiplier les points de vue.

Voir la moquette
Julien
Gardair
février 2004
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