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Où l'art de la figure devient l'expression d'une vraie liberté
(…) Au premier regard, les peintures de Julien Gardair sont le reflet de sa jeunesse, colorées, joyeuses, légères, acidulées. Mais il suffit de s'attarder, de se laisser emporter pas les multiples sollicitations graphiques et picturales pour pressentir toute la tragédie qui s'y déploie sourdement.
Chaque toile est une provocation pour la pensée, le regard, l'imaginaire car la figure qu'il nous propose est issue d'un jeu de cache-cache entre les superpositions de couches parfois lavées, les croisements, les télescopages. Comme dans les jeux de notre enfance où il fallait trouver un personnage caché dans le dessin, Julien Gardair s'amuse à vivre le phénomène dans l'autre sens, débusquant la figure dans le processus de création, sans intention première, attaché aux effets du geste pictural plus qu'à une quelconque narration. La rondeur côtoie l'aigu, la douceur la brutalité, la comédie le tragique, le formel l'informel, provoquant une tension indomptable et pourtant remarquablement maîtrisée. Avec la peinture, Julien Gardair a trouvé sa liberté. (…)
Jean-Michel Collet, janvier 2005
Les yeux comme le ventre...
« Des mains de sexe brûlent les poches
et les ventres bouent par dessous ;
toutes les pensées s'entrechoquent,
et les têtes moins que les trous. »
Artaud, La rue – extrait
Julien Gardair fait partie de cette génération imprégnée d'images : peintures, cinéma, publicités sont le support de ses fictions, de sa mythologie personnelle. Dans son travail les images, comme les mots d'Artaud, retrouvent leur légèreté et leur tragique dans l'équivoque.
L'artiste joue et se joue de la peinture, dessine le regard comme le bavardage, la respiration ou l'échange, décolore pour dépeindre. La figure peut prendre en main les coulures du médium pour les replacer dans la toile, jouer à cache cache dans les superpositions, faire un pied de nez au peintre dépassé par son acte. L'important dans ce jeu pictural c'est d'apporter une réponse – le pinceau, le cutter ou la caméra à la main – aux effets du geste qui précède, juste après pour éviter toute narration... Alors par le jeu de la transgression, du détournement, de la surprise, les publicités de regardées nous regardent, les emballages deviennent transparences, les peintures points de vue, les vêtements des leurres que le vide révèle, les slogans des reflets (plus de l'entrejambe que de la pensée)... et s'il sort un « vers » de la modernité bedonnante ce sera un ver, chenille qui prend la place du pinceau, prêt à prendre des ailes.
Chez Jean Fournier qui a toujours su créer des rencontres – événements à partir d'une éthique de la peinture, Julien Gardair rejoint ses grands pairs qu'il a toujours côtoyé dans la distance comme dans l'interrogation : Viallat et la liberté donnée par sa forme à ses supports comme à sa peinture, Shirley Jaffe pour la rigueur dans ses rapports blanc, forme, couleur qui donne vie à l'aléatoire, Hantaï qui en s'effaçant fera surgir la peinture par la contrainte ou le cutter. Chacun trouve sa liberté picturale en supprimant la figure en tant qu'image narrative là où Julien Gardair, d'une autre génération, rend sa liberté à l'image en ne supprimant que sa littéralité.
Pour chacun un engagement total, au-delà ou en deçà des mots, qui a fait dire à Jean Fournier que cette peinture viendrait des yeux comme du ventre... une gourmandise de l'esprit.
Jacques Arnaudiès, janvier 2003
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